3 manières de s’approprier Joseph Kosuth
La vidéo „The Many Things Show“ (2007) de Koen Theys reprend le manifeste „Art after Philosophy“ de Joseph Kosuth, écrit en 1969. Faisant reférence à Marcel Duchamp, ce texte formulait des idées principales de l’art conceptuel: le primat de l’idée sur la matérialité et la forme, l’mportance des innnovations à apporter au discours de l’art et de la recherche par rapport à la perception aussi bien qu’au rapport entre image et texte. Koen Theys a fait interpréter „Art after Philosophy“ par une speakerine, dont la voix superficielle américaine accompagne un flot d’images. Les images, collectées dans l’internet, représentent tous des personnages portant un objet. Ainsi Theys interroge la validité des idées de Kosuth aujourd’hui, dans un monde dominé par les médias de masse. Il constate que n’importequel objet semble pouvoir devenir objet de l’attention artistique et que les critères de qualité sont devenues plus floues que jamais.
> Quel est votre rapport avec Joseph Kosuth?
C’est le rapport entre un artist contemporain et un artist qui appartient déjà aux classiques modernes. Je considère son oeuvre comme un point de référence important dans l’histoire de l’art, mais je m’oppose à sa façon de reduire l’art à une chose linguïstique. Même si je l’ai rencontré à quelques reprises, je n’ai pas de relation personnel avec lui.
> Quels sont – selon vous – les mérites principales de Joseph Kosuth?
Ses mérites se situent surtout au niveau théorique. Comme Wittgenstein l’a fait avec la philosophie, Kosuth à essayer, avec une grande intelligence, de situer la domaine dans laquelle l’art peut opérer et de suite aussi la domaine qui se situe hors de l’art. Son oeuvre artistique est malheureusement resté trop souvent qu’une illustration de ses théories. Quand il dit par example que „l’art est la définition de l’art“, et qu’après il utillise des définitions venant des dictionnaires dans son travail artistique, je considère ceci comme une interprétation trop littérale de ses théories. Ainsi il fait souvent une trop grande réduction de ses propres théories dans son travail artistique.
A part de son importance pour l’art conceptuel, il a eu également une grande importance dans l’introduction du design dans l’art des années 80 et dans l’invention de mettre des tableaux par terre contre un mur. Ainsi il construisait des oeuvres qui n’étaient ni sculpture, ni peinture, mais quelque chose entre les deux. Ceci je considère comme son invention artistique le plus important.
> Quel est votre rapport à l’oeuvre que vous avez approprié/qui appartient à vous/qui est représenté dans la collection dont vous êtes responsables?
Dans la vidéo „The Many Things Show“ (2007), j’ai utillisé le texte „Art after Philosophy“ (1969) de Kosuth comme bande sonore. Je considère ce texte comme un chef d’oeuvre de la théorie d’art du 20ième siècle. Partant de l’idée du ready-made, Kosuth y décrit que la qualité d’une oeuvre d’art est surtout liée à la qualité de la position que l’artist prend par rapport à l’art. l’Art, dit-il, ne peut etre apprécié comme art que si l’oeuvre est concipiée dans un contexte artistique ou dans un contexte qui se réfère à l’art.
Vu que les dernières années on a pu voir dans des expositions d’art apparaître des oeuvres qui n’étaient en aucun sens liées à l’art, mais seulement à un contexte sociologique ou politique, j’ai trouvé que c’était nécessaire de réactualiser ce texte de Kosuth. Ces oeuvres sociologiques ou politiques (surtout des documentaires qui ne sont oubien ni fait par un artiste, oubien ni concipiées pour un contexte artistique, oubien qui ne prennent aucune position dans l’art, oubien une combination de tout cela) pourraient être considérées comme des ready-mades faites par des curateurs d’expositions. Mais la question se pose: „Est ce qu’ une oeuvre peut devenir une oeuvre d’art quand il est placée dans le contexte de l’art par un curateur et non par un artist?“
Dans „The Many Things Show“ j’ai essayé de mettre en scène cette situation de „tout est possible, une fois placé dans un contexte artistique“, mais dans un cadre rigoureusement défini. J’ai essayé d’illustrer le texte de Kosuth aussi littéralement que possible avec des images que j’ai approprié de l’internet. Ce sont des images de gens qui posent avec un objet devant la camera, qui ne sont pas fait avec l’intension de devenir une oeuvre d’art, mais qui, une fois placées dans le contexte du texte de Kosuth, pourraient recevoir une certaine valeur artistique. J’ai pris la position d’un collectionneur ou d’un curateur d’images ready-made en les plaçants dans un contexte artistique, grace au texte de Kosuth.
> Comment voyez vous le rapport entre idée philosophique et matérialité dans l’oeuvre de Kosuth?
L’oeuvre de Kosuth, et de l’art conceptuel, était un n-ième pas dans l’utopie de déconnecter l’art avec sa fonction d’objet commerciale. C’est l’histoire éternel de l’âme et le corps: est-ce que c’est possible d’avoir un âme sans un corps? Ou est-ce qu’il y a des corps sans un âme? Dans le marché de l’art les oeuvres de Kosuth sont devenues des curiosités comme n’importe quel autre objet de valeur. L’âme de son travail se situe pour moi surtout dans ses écrits.
Annette Schemmel – catalogue ‘Décollecting’
FRAC Nord Pas de Calais – De Garage, Mechelen 13.12.2008
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