Koen Theys
Les Maternelles – “Allez les enfants, taisez-vous et dessinez !
Il y a un artiste dans la classe.”


Utilisant des supports aussi variés que la photographie, la vidéo, lé collage et le dessin, entre bricolage et technologie de pointe, Koen Theys détourne le monde de son contexte habituel pour créer un autre quotidien décalé et souvent absurde, dénué de toute utopie où seul l'humour est salvateur. Ses images dévoilent une prolifération presque anarchique nous faisant penser au développement d'un virus, quelque chose d'inconscient mais de tout à fait vivace.

Pour sa troisième exposition personnelle à la Galerie Xippas et dans la continuité de celle présentée cet automne à la Caisse des dépôts et consignations, Koen Theys s'éloigne de plus en plus du "faire", cherchant à intervenir le moins possible sur l'image. Il présente sur les deux étages de la galerie un ensemble de 40 photographies en couleur choisies parmi 2 500 prises de vue réalisées dans 150 écoles maternelles de Bruxelles. Son désir est né d'un constat fait lors de sa dernière exposition à la galerie. Il avait découpé des photographies d'objets urbains, pour les assemblées au mur dans des grandes compositions. Il s'était alors aperçu que cette approche était typique des écoles maternelles, où on découpe très souvent des personnages pour les accrocher au mur, au plafond ou aux fenêtres. De cette façon ces objets entrent en interaction avec l'espace qui les entoure. Les photographies prises dans les écoles, tout d'abord considérées comme une étude formelle, par la force de leur contenu font aujourd'hui l'objet d'une série photographique.

Ce sont des natures mortes fourmillant de détails et de signes récurrents dans son travail, la maison, le double, le pendu, la grille de métal -, sans présence humaine à proprement parler, ni enfant, ni adulte, mais simplement des traces de leurs actes et de leur présence permettant une lecture hors-champ, une représentation dans la représentation. L'artiste ne fait intervenir aucune mise en scène, il ne touche à aucun objet. Ces photographies sont le résultat de la production des enfants, orientée par leurs enseignants à travers un certain modèle. Koen Theys regarde les lieux et les constructions avec les yeux d'un "enfant conscient'.

De ces photographies d'accumulations d'objets et d'images - objets abandonnés çà et là -naissent des histoires, une sorte de "cadavre exquis" de ce qui n'était que le fait du hasard: une multitude de masques coloriés, suspendus dans une mise en scène inconsciente de la violence qu'elle suggère, une figurine de "Blanche-Neige" souffrant de dédoublement, un clown pendu derrière la porte, une silhouette de carton figurant l'autorité du père. Ces histoires sont à la fois fantastiques, cruelles et humoristiques. Ce qui ne devait être que le résultat d'une certaine innocence devient une histoire dirigée par les adultes, permettant une lecture très ambiguë, révélée par le regard de l'artiste; comme si ces écoles devenaient le symbole à elles seules de nos cruautés et de nos angoisses. Chez Koen Theys rien n'est "innocent".


Ghislaine Pinassaud – Galerie Xippas, Paris
Cummuniqué de Presse 15.02.2000

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