Koen Theys: Les Maternelles
Allez les enfants, taisez-vous et dessinez ! Il y a un artiste dans la classe.
Il y a quelques années, Koen Theys découpait des figures qu'il collait sur de la mousse et fixait directement sur le mur. Plusieurs personnes ayant à propos de ce mode d'accrochage, évoqué le travail dans les classes maternelles. Koen Theys décida de se rendre dans des écoles et d'y photographier les dessins d'enfants et leur présentation. 150 écoles maternelles de Bruxelles et des environs furent contactées et Koen Theys en visita près de 120, réalisant 2500 clichés dont 47 ont été gardés pour le catalogue et les expositions.
Que voit-on sur ces images? Jamais les enfants eux-mèmes ni leur enseignant. Pas davantage l'architecture de l'école ou la disposition générale de la classe. Koen Theys s'est intéressé essentiellement aux productions des enfants et à la manière dont elles envahissent l'espace de vie et de travail collectif. Mais il nous montre aussi les jouets, les poupées et leurs maisons, mondes en réduction qui révèlent les désirs enfantins. Le cadrage met souvent en évidence des détails qu'un œil peu attentif n'aurait peut-être pas remarqués.
Détails parfois drôles mais plus souvent angoissants. On sait depuis longtemps que l'inconscient de ces chères petites têtes blondes peut être rempli de fantasmes d'une grande violence. mais certaines images frappent néanmoins par leur dureté : poupées couchées dans des barquettes de boucherie, pendus en nombre surprenant ...
Et surtout, l'image que ces photographies donnent de l'enseignement n'est guère rassurante. On y voit les signes des contraintes dues à la vie en collectivité et on perd toute illusion sur le soi-disant développement de la créativité enfantine. Force est de constater que les "créations" plastiques ne sont trop souvent que les copies uniformisées d'un modèle imposé, ne laissant aucune liberté individuelle à l'imaginaire des enfants. Affirmer une ouverture artistique et en même temps réprimer toute expression individuelle, telle est la contradiction qui a frappé Koen Theys, et qu'il résume en donnant comme sous-titre à l'exposition cette phrase entendue dans la bouche d'une institutrice: "Allez les enfants, taisez-vous et dessinez ! Il y a un artiste dans la classe."
PALAIS DES BEAUX-ARTS, BRUXELLES – texte de presse
18.02.2000
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